C’était un surnom intime, que je donnais à celle qui fut la femme de ma vie ; un surnom qui évoque à la fois la délicatesse du sentiment et l’animalité du désir. On peut aussi y déceler un jeu de mots un peu salé, une manière de désigner l’origine du monde.

Inutile de m’étendre sur l’adoration que vouais à la rose érotique, vous l’aurez déjà devinée. Rosa Erotica fut aussi mon premier modèle, d’abord réticente puis finissant par y prendre plaisir. J’aime croire qu’elle aimait le miroir que je lui tendais, que mon amour l’a rendue belle à ses propres yeux : une grande victoire pour moi, mais difficile à partager.

Puis la meilleure chose ayant, comme c’est l’habitude, connu une fin, mon objectif s’est tourné vers d’autres roses, et moi, parfois, vers d’autres flammes. J’ai découvert graduellement à quel point d’autres prenaient plaisir à se dévoiler pour moi, à s’offrir pour m’aider à raconter cette histoire, à atteindre ce que je ne cesse de poursuivre.

Je veux raconter l’amour heureux, ces moments où l’on peut oser un surnom intime, unir le cru et le poétique ; je cherche à évoquer le consentement, le désir, le don de soi, le “bon sourire qui veut bien” dont parlait Jacques Prévert, que ce soit dans la langueur d’une chambre surplombant une mer couleur de plomb fondu, dans le sombre d’une forêt ou dans un couloir d’immeuble, par un soir d’octrobre venteux et froid.

Ces image que je présente ici montrent sans voile mon univers fantasmatique, un mélange, qu’il appartiendra à chacun.e de démêler, entre mes souvenirs et mes rêves ; je pense m’y dévoiler plus que mes modèles, modèles que je remercie infiniment pour leur souplesse, leur grâce, leur intelligence. Elles sont parfois de véritables co-créatrices, et je n’ai qu’un seul souhait : continuer.